La Pologne en marche pour la vie ?

5 Oct, 2016Actualités

Alors qu’en France, le Planning familial a lancé une campagne sur le web « Ceci n’est pas un cintre » pour promouvoir l’avortement, la Pologne s’oriente vers une plus grande protection de la vie des enfants à naître.

Jeudi 22 septembre, le Parlement polonais a vécu un vif débat sur l’avortement. Ce débat, voulu par les citoyens, a été suscité par deux initiatives citoyennes : une pro-vie et une pro-avortement.

Le mécanisme de démocratie participative, autorisant au moins 100 000 citoyens polonais à proposer une réforme législative, a permis aux pro-vie et aux pro-avortement d’exiger du Parlement un débat. A la suite de ce débat, c’était au Parlement polonais de décider s’il donnait suite aux propositions en transmettant ou non les textes aux comités parlementaires.

Vendredi 23 septembre, les parlementaires ont écarté la proposition pro-avortement et ont transmis la proposition pro-vie à la commission parlementaire Justice et droits de l’homme.

 

La situation actuelle : l’avortement autorisé en cas danger pour la mère, de viol ou d’affection médicale sérieuse du fœtus

 

La loi en vigueur depuis 1993 et modifiée en 1997, autorise l’avortement dans trois cas :

 

  1. Lorsque la vie de la mère est en danger;
  2. Lorsque la grossesse résulte d’un viol
  3. Lorsque l’enfant a une affection médicale sérieuse.

 

Les statistiques montrent qu’en Pologne, le nombre d’avortements liés aux deux premières raisons (risque pour la mère et viol) a toujours été très bas. « Il n’en est pas de même pour l’exception eugéniste qui est chaque année responsable d’un nombre croissant d’avortements légaux : plus de 90% des avortements. Ainsi en 2015, sur 1040 avortements légaux, 996 étaient eugénistes. » précise Jakub Baltroszewicz, Président de One of Us Pologne.

Cette troisième exception, eugéniste, autorise à mettre fin à la vie d’un bébé porteur de trisomie 21 jusqu’à la veille de sa naissance. L’avortement raté d’un bébé porteur de trisomie 21 dans un hôpital polonais en avril dernier a ému le pays entier : le bébé, né vivant à 24 semaines de grossesse, a pleuré pendant une heure avant de mourir.

Face à l’émotion nationale, une modification de la loi sur l’avortement est apparue nécessaire. C’est pourquoi pro-vie et pro-avortement se sont chacun lancés dans la récolte de signatures pour présenter au Parlement une proposition de loi.

 

Les propositions citoyennes : 220 000 pro-avortement versus 500 000 pro-vie

 

Le comité citoyen « Let’s help Women » a recueilli 220 000 signatures pour demander la légalisation de l’avortement jusqu’à la douzième semaine de grossesse, puis sa limitation pour la suite de la grossesse aux trois exceptions en vigueur actuellement. Jakub Baltroszewicz souligne : « C’est la première fois dans l’histoire de la Pologne qu’une initiative pro-avortement recueille autant de signatures ».

Le comité citoyen pro-vie « Stop Abortion » a recueilli presque 500 000 signatures de citoyens demandant une complète protection de la vie humaine en supprimant les exceptions. L’avortement lorsque la vie de la mère est en danger n’est pour sa part pas sanctionné. Il est également proposé la possibilité de sanctionner jusqu’à 5 ans de prison une femme ayant avorté et les médecins concernés.

 

Sanction des femmes : opposition ferme de la Fédération polonaise pro-vie et des évêques

 

La Fédération polonaise des mouvements pro-vie, qui partage la volonté du comité citoyen « Stop Abortion » de protection totale de la vie humaine, proteste fermement contre l’idée de sanction pour les femmes qui avortent. Elle a déposé devant le comité parlementaire des pétitions une version miroir n’intégrant pas la pénalisation des femmes. Les évêques polonais, qui condamnent l’avortement, considèrent qu’il serait immoral de réprimer les femmes « deuxièmes victimes de l’IVG ».

 

Quelle suite ? Protéger toujours plus de vies humaines

 

La proposition pro-vie va maintenant être retravaillée et débattue au sein du comité parlementaire Justice et droits de l’homme. Il est difficile de savoir combien de temps le débat durera et quel sera réellement le contenu de la proposition lorsqu’elle reviendra devant le Parlement réuni en plénière.

Pour Jakub Baltroszewicz, le gouvernement actuel sait que le statu quo est impossible. La majorité de la société polonaise pousse pour protéger toujours plus la vie humaine. Le mot clé de cette proposition est bien « plus ». Protéger toujours plus de vies humaines.

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