Affaire « Un de nous contre Commission européenne » : le Tribunal de l’Union européenne a rendu son jugement
Communiqué – 23 avril 2018
L’ECLJ prend note de l’arrêt du Tribunal de l’Union européenne rendu le 23 avril 2018 dans l’affaire One of Us – Un de nous contre la Commission européenne (T‑561/14).
Sur l’aspect institutionnel du recours, le Tribunal a donné raison à Un de nous en décidant que l’acte par lequel la Commission a décidé de ne pas donner suite à l’Initiative citoyenne produit des effets juridiques et qu’il est donc attaquable devant le Tribunal de l’Union européenne (§77). Le Tribunal adopte la position d’Un de nous lorsqu’il reconnaît que : « le défaut de soumission du refus de la Commission […] à un contrôle juridictionnel compromettrait la réalisation de cet objectif [« encourager la participation des citoyens à la vie démocratique et de rendre l’Union plus accessible »], dans la mesure où le risque d’arbitraire de la part de la Commission dissuaderait tout recours au mécanisme de l’ICE, eu égard, également, aux procédures et conditions exigeantes auxquelles ce mécanisme est soumis. » Ainsi, le Tribunal donne raison à Un de nous sur un élément important de son recours et sauve le mécanisme d’Initiative citoyenne européenne à l’arbitraire le plus complet de la Commission en décidant qu’il peut faire l’objet d’un contrôle juridictionnel. Le quasi-monopole d’initiative législative de la Commission s’en trouve d’autant réduit.
Néanmoins, le Tribunal a aussitôt limité la portée de son contrôle en jugeant, d’une part, que « la Commission dispose d’un large pouvoir d’appréciation aux fins de décider d’entreprendre ou pas une action à la suite d’une ICE » (§§145 et 169) et d’autre part, que la décision de la Commission : « doit faire l’objet d’un contrôle restreint de la part du Tribunal, visant à vérifier, outre la suffisance de sa motivation, l’existence, notamment, d’erreurs manifestes d’appréciation viciant ladite décision » (§ 170). Dès lors, le Tribunal n’a pas examiné de façon approfondie les griefs relatifs aux questions éthiques soulevés par Un de nous. Il ne leur a consacré qu’une dizaine de paragraphes sur les 185 que compte le jugement pour conclure, au terme de ce survol, que l’argumentation de la Commission n’était pas « entachée d’erreur manifeste » (§182).
Ainsi, ce jugement constitue une victoire sur le plan institutionnel, et une défaite sur le plan éthique pour Un de Nous. Il est surtout une victoire pour la Cour de Justice qui a étendu son pouvoir de contrôle sur la Commission en matière d’initiative législative. Les partisans d’une démocratisation de l’Union européenne s’en réjouiront car le mécanisme d’Initiative citoyenne s’en trouve quelque peu renforcé.
Finalement, l’Initiative Un de Nous n’est certes pas parvenue à renverser le choix de la Commission européenne de sacrifier le respect de la vie humaine prénatale à l’intérêt de la technoscience et au contrôle démographique des pays pauvres.
Cette Initiative a néanmoins permis :
– de porter, avec une puissance inégalée, le témoignage de l’humanité de chaque vie individuelle, dès avant la naissance ;
– de rassembler, au sein de la Fédération Un de Nous, un grand nombre de personnes et d’organisations porteuses de ce témoignage à travers l’Europe ;
– de placer l’Union européenne face à ses contradictions en matière de démocratie et de rendre un peu moins arbitraire le pouvoir de la Commission européenne.
La Fédération européenne UN DE NOUS
La Fédération UN DE NOUS a été créée à la suite de l’Initiative citoyenne européenne ONE OF US. Celle-ci a été lancée en mai 2012 pour demander à la commission européenne l’arrêt du financement des programmes conduisant à la destruction d’embryons humains. Elle a réuni 1,9 million de signatures.
La Fédération UN DE NOUS rassemble à ce jour 37 organisations de 17 pays européens. En France, elle est représentée par la Fondation Jérôme Lejeune. Le directeur de la fondation Jérôme Lejeune, Thierry de la Villejégu, est également vice-président de la Fédération UN DE NOUS.